ATR : la commande historique d'un milliard de dollars ou le grand retour des avions à hélice
ATR signe aujourd’hui le contrat le plus important de son histoire avec la compagnie indonésienne Lion Air : 40 appareils, pour près d’un milliard de dollars. Le leader mondial des avions à hélice connait un retour en grâce exceptionnel.
Le phénix atteint des cimes stratosphériques ! Donné pour mort en 2005, quand les jets d’affaires faisaient fureur, l’avionneur ATR ne cesse depuis quelques années de se remplumer. La dernière commande signée ce 27 novembre ne fera que confirmer une santé retrouvée : le leader mondial des avions à hélices (turbopropulseurs) a signé à Rome une commande de 40 ATR 72-600 avec la compagnie indonésienne Lion Air, pour un montant - au prix catalogue - d’environ un milliard de dollars.
Un montant important au regard du chiffre d’affaire de ce groupe, détenu à 50/50 par Airbus et Alenia Aermachhi (filiale de l’italien Finmeccanica), qui s’est élevé à 1,63 milliard de dollars en 2013 (+13% par rapport à 2012). La commande vient, de surcroît, s’ajouter aux 60 appareils déjà commandés par la compagnie indonésienne. Celle-ci devient le meilleur client d’ATR. Ce contrat record vient gonfler encore davantage un carnet de commandes inédit : "Nous avons un carnet de commandes de 450 appareils, assurait il y a peu à L’Usine Nouvelle Thierry Casale, le directeur des opérations du groupe. Il comprend 320 commandes fermes et 100 options d’achats". Il faut aujourd’hui y ajouter les 40 engins de Lion Air.
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Des avions moins gourmands en kérosène
Des commandes en série qui font tourner le site toulousain à plein régime. Les cadences de production devraient passer de 80 avions produits par an en 2014, à 90 en 2015. Le cap des 100 avions produits chaque année sera franchi en 2016. Le niveau de livraisons a augmenté de 37% entre 2013 et 2011. Une ascension qui a forcé la direction à étendre sa superficie, sur le site toulousain d’Airbus par ailleurs propriétaire des bâtiments où sont produits les ATR : elle est passée de 8000 m2 en 2007 à 40 000 m2 cette année. Les capacités de jonctionnement (fuselage et voilure) ont quant à elles été multipliées par deux depuis septembre dernier, grâce à une réorganisation de la chaîne d’assemblage.
La commande témoigne surtout de l’avenir industriel ultra prometteur des turbopropulseurs. Moins gourmands en kérosène que les jets d’affaires, capables d’atterrir et de décoller sur des pistes courtes, ils ont les faveurs des compagnies qui cherchent à relier de petites distances à moindre frais. L’Asie du Sud-est est à ce titre une zone privilégiée pour ce genre d’appareils, avec ces milliers d’îles et d’archipels éparpillés.
80% de parts de marché sur le segment des avions de 50 à 70 places
C’est d’ailleurs la région du monde où se trouvent le plus grand nombre d’appareils du groupe, 290 exactement (selon un document interne datant de juillet 2014), devant l’Europe (288), l’Amérique latine (172), l’Afrique et le Moyen-Orient (108) et l’Amérique du Nord (88). L’Asie-Pacifique représente aujourd’hui 30% des ventes d’ATR, soit autant que l’Europe.
Ce contrat confortera enfin la place de leader d’ATR. Le groupe possède, avec ses ATR 42 et 72, une part de marché de 39% sur le segment des avions de 50 à 90 places (turbopropulseurs et avions régionaux), devant le brésilien Embraer (29% avec les E170 et 175), le canadien Bombardier (20% avec les CRJ 700 et 900 et le Q400) et le japonais Mitsubishi (12% avec les MRJ70 et 90). "Si on parle du segment des avions de 50 à 70 places, nous détenons même plus de 80% du marché", précise un porte-parole du groupe.
Olivier James
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