Atos peut-il vraiment se passer des e-mails ?
L'annonce est spectaculaire : Atos Origin compte d'ici trois ans devenir une société "zéro e-mails". Assortie de chiffres éloquents, cette proposition vise à réduire la "pollution informationnelle" causée par l'excès de courriers électroniques. "Les managers passent de 5 à 20 heures par semaine à lire et écrire des e-mails" affirme le communiqué d'Atos Origin. La société compte donc supprimer cet usage en interne, au profit de multiples outils 2.0 (messagerie instantanée, documents partagés, réseaux sociaux). Ce qui au passage donne l'occasion à Atos de se positionner comme spécialiste des nouveaux usages, capable de "mettre en place une smart organisation".
Cette mesure n'arrive pas à convaincre les professionnels du secteur. Arnaud Rayrole, fondateur d'Uséo (société de conseil en informatique), y voit un "effet d'annonce". "Vouloir supprimer les e-mails, c'est une aberration : on n'a jamais supprimé un canal de communication !" Conscient des effets de mode qui rythment l'actualité des NTIC, il met en garde contre "une surenchère qui pourrait créer des désillusions".
Emmanuelle Olivié-Paul est directrice associée de Markess International, une autre société de conseil. Elle rappelle que "l'e-mail, c'est surtout une adresse qui a une fonction d'identité". Cette adresse est en général ce qui permet de reconnaître un salarié dans une organisation, mais aussi de s'identifier dans la plupart des sites. De plus, "l'e-mail, c'est aujourd'hui un standard largement reconnu, ce qui est très rare dans le monde de l'informatique". Il n'existe en effet aucun autre moyen de communication universellement reconnu.
Malgré leurs réserves, ces deux experts reconnaissent des dérives dans l'utilisation professionnelle des e-mails. "Il y a des problèmes de coûts, dûs au trafic et aux sauvegardes" précise Emmanuelle Olivié-Paul. Mais pour Arnaud Rayrole, "l'e-mail reste un formidable outil, dont il faut recentrer l'usage." Tous admettent que les nouveaux outils de communication peuvent apporter une respiration bienvenue aux boîtes mails surchargées. Mais dans les faits, vouloir supprimer totalement les e-mails semble aussi impossible qu'inutile.
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