Arkema engagera 200 M€ en Chine et en Europe
« Ce projet est sur la table depuis 2008 »
Le cap est franchi. Le chimiste français se lance enfin dans un vaste projet industriel pour la production de gaz fluorés réfrigérants Forane 1234yf. Et avec les moyens puisqu'Arkema annonce un investissement de l'ordre de 200 millions d'euros et la future construction de deux unités de production, en Chine et en Europe. Ce projet est sur la table depuis 2008, afin de trouver un substitut au R134a, un gaz réfrigérant très utilisé dans les systèmes de climatisation automobile mais doté d'un potentiel de réchauffement climatique beaucoup trop important. Les dispositions engagées par l'Union européenne sont très encourageantes pour ce projet puisqu'au 1er janvier 2017, plus aucun des 12 millions de véhicules produits chaque année dans l'UE ne pourra être doté d'un gaz réfrigérant comme le R134a. Toutefois, le projet d'Arkema a été retardé par deux facteurs. D'abord en raison des hésitations ces derniers mois du constructeur allemand Daimler d'employer le 1234yf, jugé risqué en raison de son inflammabilité. Selon Arkema, la Society of Automotive Engineering (SAE) qui regroupe 75 % des constructeurs mondiaux et qui fait autorité dans le secteur a publié de récentes études indiquant que le risque d'inflammabilité de ce nouveau gaz en cas de collision n'était qu'infime. Qui plus est, tous les constructeurs automobiles auraient acté en faveur du 1234yf pour les futurs véhicules dotés de systèmes de climatisation qui seront introduits sur le marché européen, assure le groupe. Le second frein à la décision du chimiste français est la main-mise sur le marché du 1234yf par le duo DuPont-Honeywell. Les plaintes d'Arkema concernant un abus de position dominante de DuPont et d'Honeywell sur ce segment, en raison notamment de la détention de multiples brevets et le paiement d'onéreuses redevances, ont entraîné le déclenchement d'une procédure par la Commission européenne à l'encontre des deux groupes américains. Aujourd'hui, Arkema se dit particulièrement confiant dans l'issue de cette procédure, persuadé qu'elle ira dans son sens, et n'hésite donc plus à se lancer.
Une usine à Changshu, la seconde en Europe Le groupe n'indique pas encore la ventilation des 200 M€ dévolus au projet, ni les capacités envisagées. L'unité asiatique sera édifiée sur la vaste plateforme d'Arkema à Changshu, en Chine. La mise en service est programmée pour 2016. Cette première unité permettra de répondre aux besoins les plus urgents. Le choix de Changshu est lié à la « possibilité de mettre en œuvre le projet rapidement », la matière première principale pour cette production de gaz réfrigérant étant « immédiatement disponible sur place », précise un porte-parole du groupe. En l'occurrence, la future unité chinoise utiliserait de l'heptafluoropropane (HFP). Changshu est aussi l'endroit qu'avaient choisi DuPont et Honeywell pour la production de leur gaz 1234yf.
Le futur site européen, qui ne produira pas sur une base HFP n'est pas encore déterminé. « Le procédé de fabrication sera différent de l'unité en Chine, les coproduits doivent trouver une légitimité dans la chaîne de production », indique un porte-parole d'Arkema. L'accès aux matières premières sera également déterminant. Le site du groupe à Pierre-Bénite (Rhône), spécialisé dans les produits fluorés, est un candidat très potentiel. D'autant qu'avec l'interdiction de gaz réfrigérants trop polluants pour l'automobile en Europe il devra adapter ses productions actuelles de R134a.