Ariane 6 : Le premier patron d'Airbus Safran Launchers prend ses marques

Un trou de plus de 800 millions d'euros pour financer le développement le nouveau lanceur, une organisation industrielle à optimiser, l'adoption des nouvelles technologies... La feuille de route d'Alain Charmeau, président exécutif de la co-entreprise entre Airbus et Safran, est bien chargée

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Ariane 6 : Le premier patron d'Airbus Safran Launchers prend ses marques

A peine obtenu l'accord pour lancer Ariane 6 auprès des Etats membres de l'Agence spatiale européenne (ESA) en fin d'année dernière, qu’Airbus Safran Launchers (ASL), la co-entreprise en charge du développement et de la fabrication du nouveau lanceur, entre dans le vif du sujet. Son président exécutif Alain Charmeau et son équipe de direction viennent de prendre possession de leurs nouveaux bureaux, lundi 2 mars, au cinquième étage d'un bâtiment moderne à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). "Nous venons d'installer les plantes vertes dans les couloirs !", explique un collaborateur au milieu des cartons de déménagement.

Notre dossier : Ariane 6, la fusée qui doit relancer l'Europe face aux américains

8000 personnes dans la co-entreprise

Dans un bureau qu'il vient de découvrir, Alain Charmeau a visiblement d'autres préoccupations. Selon le site La Tribune, qui s'est procuré un courrier adressé à l'Agence spatiale européenne daté du 28 janvier, il demandait au directeur général de l'institution, Jean-Jacques Dordain, de combler un trou de plus 800 millions d'euros pour boucler le financement du développement complet d'Ariane 6. Cette somme serait la différence entre les 3,4 milliards engagés par la co-entreprise entre Safran et Airbus et ses partenaires, et les 2,5 milliards à distribuer aux industriels par l'ESA. La solution passerait par un augmentation de la participation des Etats membres. Sur ces négociations en cours, l'entreprise ne souhaite pas faire de commentaires.

Alain Charmeau est toutefois plus précis sur ce qui a déjà été réalisé depuis l'annonce de la co-entreprise en juin 2014 et sur ce qu'il reste à faire pour produire Ariane 6. Plusieurs étapes clés ont déjà été franchies : accord sur la structure juridique de la nouvelle société et sur la valorisation des actifs apportés par les actionnaires, obtention du feu vert des autorités antitrust de la Commission européenne... Fin janvier, il s'est déplacé avec son équipe sur les principaux sites de l'entreprise en France et en Allemagne. "Nous avons rencontré pratiquement 1000 personnes en trois jours pour échanger, dialoguer et écouter les équipes sur ce nouveau projet. J'ai senti un soutien très fort", se réjouit-il. Il reste essentiellement encore deux choses à faire : discuter avec les partenaires sociaux pour la mise en place de l'organisation de l'entreprise qui comptera à terme 8000 personnes et obtenir les autorisations du gouvernement français pour le transfert des activités de défense portées aujourd'hui par Airbus et Safran vers la co-entreprise. "Nous espérons boucler le tout d'ici à l'automne", précise le dirigeant.

"Prix de série, prix de série, prix de série…"

Conscient de la concurrence redoutable sur les prix amenée par l'américain SpaceX, le dirigeant avance avec une obsession en tête : "Nous allons faire évoluer l'approche habituelle dans le domaine des lanceurs en pensant prix de série, prix de série, prix de série... La panoplie d'opportunités pour réduire les coûts est grande." Airbus Safran Launchers mise sur plusieurs leviers. Le premier : tirer avantage des nouvelles technologies. "Il s'est passé trente ans depuis la conception d'Ariane 5. Nous allons utiliser les technologies les plus modernes pour faire un lanceur moins cher", explique-t-il.

Dans le domaines des matériaux par exemple. ASL va faire usage du procédé du bobinage des fibres de carbone pour remplacer avantageusement certaines structures métalliques. Cela permettra de fabriquer les boosters d'Ariane 6 d'un seul tenant quand il faut trois segments pour assembler les boosters d'Ariane 5. Dans le domaine des process industriels, ASL veut faire plus largement appel à l'impression 3D pour la fabrication de pièces complexes. "Nous avons déjà commencé pour la fabrication de pièces de moteurs. Les équipes industrielles devront justifier pourquoi on n'y recourt pas. Il faut se projeter dans cinq à dix ans par rapport à aujourd'hui. Lorsque nous fabriquerons les premiers éléments d'Ariane 6, d'ici quatre ou cinq ans, l'impression 3D aura encore progressé", explique Alain Charmeau.

Pour optimiser la fabrication du futur lanceur européen, il faudra également revoir les processus et les flux. "Ariane 6, c'est pratiquement un milliard d'euros d'investissement industriel", précise le patron d'ASL. Le cas des boosters est éloquent. Pour Ariane 5, les structures sont fabriquées en Allemagne, équipées de protections thermiques en Italie, et chargés d'ergols en Italie et à Kourou. Le circuit de fabrication sera simplifié avec un nouveau partage des tâches. Par ailleurs, l'architecture modulaire d'Ariane 6 devrait permettre de multiplier par trois la production annuelle des boosters et d'envisager des gains liés à la production en plus grande série.

Hassan Meddah

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