Après Marchionne, Fiat perd un autre dirigeant

par Agnieszka Flak
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Après Marchionne, Fiat perd un autre dirigeant
Le patron de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) pour l'Europe a démissionné lundi, ajoutant aux difficultés du nouvel administrateur délégué du constructeur automobile, Mike Manley, qui prend au pied levé la succession de Sergio Marchionne et devra mettre en oeuvre sa stratégie récemment annoncée de développement dans les SUV et la voiture électrique. /Photo prise le 25 mai 2018/REUTERS/Rebecca Cook

MILAN (Reuters) - Le patron de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) pour l'Europe a démissionné lundi, ajoutant aux difficultés du nouvel administrateur délégué du constructeur automobile, Mike Manley, qui prend au pied levé la succession de Sergio Marchionne et devra mettre en oeuvre sa stratégie récemment annoncée de développement dans les SUV et la voiture électrique.

FCA a annoncé samedi que Mike Manley, patron de la marque Jeep, reprenait les fonctions de Sergio Marchionne, un des dirigeants les plus respectés de l'industrie automobile, dont l'état de santé s'est brusquement dégradé à la suite de complications liées à une opération chirurgicale en Suisse.

Confirmant une information de Reuters, le groupe italo-américain a annoncé lundi le départ d'Alfredo Altavilla, son patron pour la région EMEA (Europe, Proche-Orient, Afrique), dont l'intérim sera assuré là aussi par Mike Manley.

Alfredo Altavilla, tout comme Mike Manley et le directeur financier Richard Palmer, faisait partie des successeurs pressentis de Marchionne qui avait prévu de quitter ses fonctions en avril prochain à 65 ans.

A la Bourse de Milan, l'action FCA a perdu jusqu'à 5% dans la matinée avant de réduire ses pertes de moitié, cédant 2,24% à 16,05 euros vers 14h00 GMT. Le titre coté à New York perd de même 2,85% en début de séance.

"Le potentiel de baisse sera modeste, au moins pour les 12 prochains mois. Mais à long terme des inquiétudes pourront apparaître : Marchionne dirigeait FCA tout en autorité et en contrôle, en érigeant constamment des pare-feu", commente Max Warburton, analyste chez Bernstein.

FCA a assuré que Mike Manley, âgé de 54 ans et de nationalité britannique, mettrait en oeuvre le plan stratégique présenté par Marchionne le mois dernier.

Le septième constructeur automobile mondial prévoit d'accroître la production de SUV et d'investir dans les voitures électriques et hybrides pour doubler son bénéfice d'exploitation à l'horizon de 2022. Il a aussi dévoilé d'ambitieux objectifs pour Jeep, sa marque mondiale qui dégage des marges élevées.

Le comité exécutif du groupe s'est réuni à Turin lundi, pour la première fois sous la présidence de Mike Manley.

Selon des analystes, le choix de Manley, qui a multiplié par quatre les ventes de Jeep depuis qu'il en a pris les commandes en 2009, montre l'engagement clair de FCA de maintenir la marque américaine au coeur de sa stratégie.

"Il n'y a aucune raison pour que le plan 2022 ne soit pas exécuté", estime George Galliers, analyste chez Evercore ISI.

Avec Manley à la barre, FCA devrait mettre l'accent sur le redressement ou le renforcement de ses différentes marques, à commencer par Fiat en Europe, Chrysler aux Etats-Unis et aussi Alfa Romeo, qui reste déficitaire en dépit d'investissements nombreux.

Marchionne, largement crédité d'avoir sauvé et Fiat et Chrysler de la faillite, avait pour première priorité de redresser les finances du groupe, notamment en effaçant sa dette.

UN AVENIR PLUS FLOU POUR FERRARI

Pour la plus grande satisfaction des investisseurs et de la famille Agnelli, il était parvenu en 14 ans à multiplier par 11 la valeur de Fiat, grâce en partie aux scissions réussies de la filiale de tracteurs CNH Industrial puis de Ferrari. Les Agnelli ont gardé une majorité de contrôle dans les trois sociétés.

Son bilan pour le redressement des marques est plus mitigé, ayant été assombri par le report de certains investissements ou lancements.

FCA n'a que partiellement restauré sa profitabilité en Europe et reste encore largement absent du marché chinois. Le groupe réalise les trois quarts de ses bénéfices en Amérique du Nord, marché qui commence à plafonner.

Marchionne était favorable à des fusions industrielles pour partager le coût des voitures du futur mais il a renoncé à sa quête quand son premier choix, General Motors, a rejeté ses avances.

FCA a affirmé samedi que Manley mettrait en oeuvre la nouvelle stratégie afin d'assurer au groupe un avenir "fort et indépendant."

"FCA a une voie bien tracée, le management a été mis en place par Marchionne, ce qui rassure, et l'accent mis sur Jeep est un pari gagnant, mais je vais quand même vendre et prendre mon bénéfice car ce changement si subit génère quand même des incertitudes", confie Umberto Borghesi, gérant chez Albemarle Asset Management. "Il nous faut voir s'ils seront en mesure d'appliquer le plan."

L'horizon paraît en revanche moins clair pour Ferrari, que Marchionne comptait diriger jusqu'en 2021.

Ferrari a publié des objectifs de moyen terme cette année, comme le doublement de son bénéfice opérationnel ou la sortie de véhicules hybrides et d'un SUV - mais son plan stratégique détaillé n'était prévu que pour septembre.

Son nouveau patron Louis Camilleri "hérite d'une valorisation absurde, d'un plan produit qui est loin d'être arrêté en interne et d'objectifs financiers pour 2021 que Sergio a écrit sur un bout de serviette et qui seront peut-être difficiles à atteindre", dit l'analyste de Bernstein.

Marchionne a fait des choix audacieux pour Ferrari, notamment en augmentant sa production, mais il a toujours veillé à entretenir l'exclusivité de la marque.

"Marchionne avait réglé (Ferrari) à la perfection. Il reste à voir si cela restera le cas sans lui", juge l'analyste d'Evercore ISI.

(Wilfrid Exbrayat et Véronique Tison pour le service français)

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