Après la COP21, des PDG réclament (à nouveau) un prix du carbone
Depuis la signature de l’accord de Paris en clôture de la COP21, le 12 décembre dernier, "aucun pays n’a reculé sur ses engagements et le dernier plan quinquennal chinois va même plus loin que prévu. […] Paris n’était pas un miracle", se réjouit Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique, lors du débat organisé par l’Institut Montaigne lundi 11 avril au soir dans les locaux de l’assureur Axa sur le thème de "l’après COP21".
La signature officielle le 22 avril prochain à New-York de l’accord sur le climat est "une piqûre de rappel symbolique, mais une centaine de pays vont signer, précise Laurence Tubiana. Dans chaque secteur, on voit que chacun avance pour mettre en place des mesures."
Ce débat est l’occasion pour les industriels et les entreprises de service de montrer leur bonne volonté pour appliquer les moyens nécessaires afin de maintenir le réchauffement climatique dans des proportions supportables pour la planète (entre 1,5 et 2°C)
Micmac Royal pour une candidate L’ambassadrice française pour le climat Laurence Tubiana, qui a fait l’unanimité en tant que négociatrice avant et pendant la COP21, est finalement candidate pour remplacer la diplomate costaricaine Christiana Figueres à la tête de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Et ce, malgré l’hostilité de la ministre de l’Environnement devenue présidente de la COP21 après le départ de Laurent Fabius pour le Conseil constitutionnel. Depuis, Ségolène Royal a rétropédalé pour indiquer la semaine dernière qu’elle soutenait Laurence Tubiana. Pas la meilleure façon de faire triompher sa candidature…
"Les chinois vont aller dans la bonne direction"
"La chimie est à la fois une partie du problème et à la fois un élément de la solution. Nous avons une responsabilité, reconnaît Jean-Pierre Clamadieu, le président de Solvay. L’enjeu c’est la mise en œuvre concrète. L’environnement énergétique mondial est important : le prix du baril de pétrole peut influencer les mesures."
Et d’évoquer l’hypothèse d’un cours du pétrole à 30 dollars pendant dix ans qui pourrait changer la donne. Solvay s’est engagé à baisser ses émissions de CO2 de 40% d’ici à 2025.
L’optimisme est de rigueur chez Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain. "La COP 21 est un début et une dynamique est lancée. Je suis très optimiste à propos des Chinois. Ils vont aller dans la bonne direction. Beaucoup plus vite que prévu."
Moins optimiste, Antoine Frérot, le patron de Veolia explique que le "grand public n’a pas compris que la COP21 n’était qu’une étape". Il évoque même le retour de quelques articles de climatosceptiques, muets pendant la COP21. Le dirigeant estime que "l’acquis de Paris est le quoi [...] Le comment prendra plusieurs COP." Veolia s’engage sur une division par deux de ses émissions de CO2 d’ici 2020.
Un prix du carbone interne aux entreprises
Le débat est alors lancé sur le prix du carbone. "Tant que polluer n’aura pas de coût, on n’incitera pas à moins polluer. Il faut un coût du carbone", prône Antoine Frérot. Il milite pour un coût du carbone au niveau de l’Union européenne dans un premier temps, en sachant qu’un dispositif mondial est aujourd’hui illusoire. "Le marché du carbone est la brique de cohérence qui manque. Il unifie les initiatives et créé un effet de levier", complète Henri de Castries, le PDG d’Axa et président de l’Institut Montaigne.
"Les entreprises sont très en avance. Il faut que les Etats suivent. On en est à créer un prix du carbone interne", annonce le patron de Saint-Gobain. "Les prix du carbone interne sont un très bon signe", prévient Laurence Tubiana. La négociatrice française milite pour que les transports aérien et maritime, épargnés lors de la COP21, soient aussi concernés par un prix du carbone. La mise en place d’un prix du carbone est "un effort à très long terme", estime-t-elle.
Autre solution : capturer le CO2 pour le rendre inoffensif. "Il faut mettre le paquet, prévient Antoine Frérot. En 2030, on utilisera deux fois plus de charbon. En Inde, trois fois plus. On ne peut pas empêcher les Indiens de se développer. Donc rendons le charbon propre. Les Chinois sont prêts à capturer le CO2. Si on divise le coût de la capture du CO2 par trois ou quatre, on y arrivera." Jean-Pierre Clamadieu veut redonner sa place au gaz, moins polluant que le pétrole. Et Laurence Tubiana s’oppose aux forages de plus en plus profonds et dans l’Arctique pour trouver du pétrole. Elle compte sur les innovations technologiques pour "décarboner". Un sacré challenge pour les industriels.
Olivier Cognasse
Après la COP21, des PDG réclament (à nouveau) un prix du carbone
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir