Après IBM, Françoise Gri va transformer Manpower
Pour elle-même d'abord. Ses études ne devaient pas la conduire dans le fauteuil de P-DG de l'entreprise de travail temporaire. Diplômée de l'Ensimag (Grenoble), elle débute dans un service informatique. Très vite elle s'ennuie. «J'avais envie d'un métier qui me permette de bouger, de développer des contacts», se souvient-elle.
Elle se présente chez IBM pour un poste de technico-commercial. Elle sera commerciale tout court. De gestion d'agences en centres de profit, elle lancera, en 1996, la division e-business. IBM mue vers les activités de services au détriment des ventes de PC. «Nos clients, les patrons d'entreprises, avaient vaguement entendu parler d'internet à l'époque. Nous devions leur proposer nos services. La vente passe avant tout par la pédagogie.» En 2001, elle est nommée P-DG d'IBM France. «Il faut réinventer IBM.
L'entreprise n'a jamais connu de transformation aussi profonde. L'informatique doit s'intégrer aux business models des clients.» Le coût social est lourd : 15% des effectifs sont supprimés. «C'est toujours un déchirement. Mais j'estime qu'il faut faire un plan social avant d'être au pied du mur et sur la base du volontariat, car c'est la seule façon de créer les conditions qui permettent aux individus de rebondir», affirme-t-elle.
Dans le travail temporaire aussi, le métier est en mutation. Manpower a d'ailleurs traversé une période de turbulences consécutive à la baisse du marché en 2003. Depuis que la loi de cohésion sociale permet aux entreprises de travail temporaire d'intervenir sur le marché du recrutement, il faut opérer des repositionnements. «Manpower dispose aujourd'hui de plusieurs briques.
A l'avenir, nous devrons être capables de proposer aux entreprises une offre globale pour répondre aux besoins immédiats d'intérim mais aussi de recrutement, de formation ou d'outplacement. Nous devrons nous-mêmes mettre en musique ces différents savoirfaire pour permettre à nos clients de bénéficier des meilleures compétences sur le marché. J'ai commencé à rencontrer les équipes de Manpower. Elles sont jeunes, la moyenne d'âge est de 35 ans, et très motivées.» La transformation est déjà en marche.
Isabelle Germain