Anomalies nucléaires : la filière veut purger le passé, l’ASN saisit le procureur de la République
Alors que la filière nucléaire veut faire table rase du passé en remettant à plat l’ensemble des irrégularités constatées ces derniers mois sur le parc français, le gendarme de l’atome a lancé une procédure qui va conduire à des suites judiciaires pour Areva.
Mardi 25 octobre, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) auditionnait plusieurs acteurs de la filière nucléaire dans le cadre des anomalies détectées sur plusieurs équipements du parc nucléaire ces derniers mois et sur la découverte de nombreuses irrégularités constatées dans des dossiers accompagnant les pièces produites à l’usine Areva du Creusot (Saône-et-Loire).
EDF et Areva ont voulu se montrer très positifs sur ce gigantesque audit du parc nucléaire et de ses usines de fabrication. "Nous voulons purger le passé", assure Bernard Fontana le PDG d’Areva NP qui juge que tout ce travail va renforcer la maîtrise technique de l’usine du Creusot. Dominique Minière, directeur exécutif en charge de la direction du parc nucléaire et thermique chez EDF, garantit que "(La filière) entre dans une démarche vertueuse". Jugeant que les dossiers possiblement falsifiés sont une pratique inacceptable, il rappelle qu'"(EDF) a demandé à Areva de faire une opération vérité quelles que soient les conséquences". "La démarche engagée rendra l’industrie française plus sûre donc plus forte pour les futures constructions", ajoute-t-il. Cet’optimisme de la filière n’est pas sans rappeler celui du Secrétaire d'état à l'Industrie, Christophe Sirugue, qui veut faire de cette crise une "chance" pour renforcer l’industrie nucléaire.
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Signalement au procureur de la République
Mais l’histoire ne va pas s’arrêter aux contrôles en laboratoire ou aux tests sur de lourdes pièces sacrificielles. "Il y a deux pratiques inacceptables dans ce dossier : ne pas en parler à son client ou à l'autorité de sûreté concernée (et) un certain nombre de documents qui s'apparentent à des falsifications", juge Pierre-Franck Chevet, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Dans ce contexte, "Nous avons été amenés à réagir en faisant un signalement au procureur de la République compétent au titre de l'article 40 du code de procédure pénale", ajoute-t-il. Bernard Fontana, quelques minutes auparavant, assurait s’attendre à ce que cette affaire ait des suites judiciaires.
Depuis un an-et-demi, Areva a lancé l’étude de 400 dossiers qui présentaient clairement des anomalies méthodologiques dans son usine de Creusot. 87 dossiers comptaient des irrégularités concernant le parc en exploitation. 86 cas se sont révélés sans conséquence, 1 cas a demandé des études plus poussées sur le réacteur numéro 2 de Fessenheim. Depuis septembre, l’entreprise a finalement décidé d’étendre son étude aux 9000 dossiers émis par l’usine depuis 1943, dont 6000 concernent le nucléaire. "Cette purge est nécessaire, elle n'est pas finie (...) Je l'annonce, mais c'est une forme d'évidence pour moi, on va trouver d'autres anomalies ou irrégularités", prédit Pierre-Franck Chevet.
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