Aménagement de bureaux : regarder local pour penser global

Comment concevoir des espaces de travail dans le monde ? Qu'est-ce qui doit être local et qu'est-ce qui doit être mondial ?

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Aménagement de bureaux : regarder local pour penser global

Observation et confrontation

J'ai eu l'occasion de rencontrer il y a quelques semaines Catherine Gall, directrice du Pôle Recherche et Prospective internationale de Steelcase. Une expérience intéressante, qui relativise l'uniformisation des usages. S'agissant du leader mondial de l'aménagement de bureau, on pourrait en effet croire que pour aménager les bureaux d'une équipe d'ingénieurs, d'architectes ou d'ergonomes, il suffirait de créer des espaces où il fait bon travailler partout dans le monde.

Pourtant, ce groupe international s'est doté d'une équipe pluridisciplinaire de 40 chercheurs répartis sur tous les continents. Ce pôle recherche fait collaborer les sciences humaines avec les sciences dures. Les informaticiens travaillent de concert avec des sociologues et des designers.

Un mélange des sciences contre nature ? En réalité, dans notre société où les services dominent, l'étude des usages devient centrale, on peut se former à toutes les méthodes scientifiques qu'elles soient qualitatives ou quantitatives. Si l'on n’observe pas la façon dont les gens vivent les choses, on passe systématiquement à coté de quelque chose !

C'est en quelque sorte le regard des uns qui va nourrir le travail des autres. On parle des autres cultures par rapport à notre propre système d'émotion, c'est pourquoi il faut confronter les approches. A l'avenir, il n'y aura plus de science pure et ne pourra plus faire l'économie de la pluridisciplinarité de ses équipes.

Ne pas être tenté par la duplication

Pour imaginer des espaces de travail, la première chose à faire est de voir ce qu'on a de différent. On ne peut jamais dupliquer les espaces de travail. Malgré son caractère transnational, un groupe comme Steecase doit prendre en compte les spécificités culturelles de chaque pays et de chaque entité, même si on relève une tendance mondiale à des espaces de plus en plus égalitaires entre les salariés.

On a parfois la tentation de rationaliser la culture et de traiter les informations par les mêmes processus, mais les comportements demeurent ultra locaux. Certains produits sont bien fabriqués uniformément avec des déclinaisons parfaites dans le monde, mais beaucoup d'autres sont adaptés localement pour s'adapter aux ressentis locaux.

Contrairement à ce qu'on imagine, avec Internet, ce phénomène s'est renforcé. On retrouve des espaces et des usages communautaires très spécifiques. Les consommateurs sont habitués à trouver des produits qui répondent à chacun de leur besoin, et ils souhaitent retrouver la même dans leur espace de travail.

Finalement, que fait-on dans un espace de travail ?

Dans certains pays, il faut par exemple être vu lorsqu’on travaille, dans des espaces qui vont permettre d'être observé par son chef ; à contrario, dans d'autres pays comme les Pays-Bas, on travaille par objectif et on voit peu son chef. En France, on a besoin de repérer les strates hiérarchiques, ce qui n'est à nouveau pas le cas dans les pays scandinaves ou dans les pays anglo-saxons, qui considèrent l'entreprise comme un "hub" : un lieu de vie et d'échanges. Quant à la Chine, on ne s’étonnera pas de trouver dans le bureau d'un dirigeant une salle de bain.

Par ailleurs, aujourd'hui, le travail est partout, il envahit la ville, les campus, les domiciles, les transports... Contrairement à l'acceptation française, dans le monde, il n'y a pas partout la volonté d'isoler le travail des autres temps de vie. Tout dépend de l'endroit où l'on est.

Le petit-déjeuner est par exemple privatif en Allemagne et n'est pas propice à un débat, alors qu'en Asie, on ne fait pas une négociation sans avoir passé du temps à table et partagé des rituels sociaux.

Dans certains pays enfin, les entreprises sont particulièrement accueillantes vis-à-vis des nouvelles technologies, notamment aux États-Unis où les gens ne se séparent pas de leur "device" (tablettes, smartphones) et il est admis de les utiliser, pour à peu près tout, y compris pendant les réunions.

En définitive, pour penser global il faut aussi regarder local.

Yann-Maël Larher, doctorant en droit social à Assas sur les TIC dans l'entreprise
@yannmael

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