AMD achève son redressement en tournant le dos à six années consécutives de pertes
Après avoir renoué avec la croissance en 2016 puis avec le bénéfice d’exploitation en 2017, le fournisseur américain de microprocesseurs AMD passe au vert en 2018, mettant fin à six années consécutives de pertes. Dans les PC comme dans les serveurs, il gagne des parts de marché sur son grand concurrent Intel.
C’est un tournant historique pour AMD. Après six années consécutives dans le rouge, qui lui ont fait perdre plus de 3,8 milliards de dollars, le challenger d’Intel dans les microprocesseurs à architecture X86 au cœur des PC et serveurs passe enfin au vert. Il clôture 2018 avec un bénéfice net de 337 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 6,48 milliards de dollars, contre une perte nette de 33 millions de dollars et un revenu de 5,25 milliards de dollars en 2017. Il retrouve presque son pic de chiffre d’affaires de 6,57 milliards de dollars en 2011.
Modèle fabless
"En 2018, nous avons réalisé notre deuxième année consécutive de croissance des revenus, gains de parts de marché, marge brute et rentabilité sur la base des performances de nos produits, se félicite dans le communiqué Lisa Su, PDG de l’entreprise. Surtout, nous avons plus que doublé nos livraisons de processeurs EPYC pour équipements de centres de données et obtenu des revenus records pour nos processeurs graphiques. "
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Contrairement à Intel, qui fabrique ses propres circuits, AMD se présente comme un acteur "fabless" se contentant de développer ses puces puis d’en confier la production à trois fondeurs de semi-conducteurs : l’américain GlobalFoundries, le coréen Samsung Foundry et le taïwanais TSMC. Malmené par ses deux plus grands concurrents, Intel dans les microprocesseurs de traitement générique et Nvidia dans les processeurs graphiques, il a été plongé dans quatre années de recul et marasme qui lui ont fait perdre 35% de son chiffre d’affaires. Le retour ces deux dernières années à la croissance et au bénéfice relève presque du miracle.
En 2016, il met fin à la régression du chiffre d’affaires et renoue avec la croissance. En 2017, il stoppe cinq années consécutives de pertes d’exploitation. Et en 2018, il achève le redressement en passant au vert. Et cela se voit clairement dans sa position sur le marché. Qu’il s’agisse des PC de bureau, des PC portables ou des serveurs, il relève partout la tête. Selon les chiffres du cabinet Mercury Research, à la fin de l’année 2018, il porte sa part de marché en volume à 15,8% dans les PC de bureau, contre 12% à la fin de 2017, à 12,1% dans les PC portables, contre 6,9% un an auparavant, et à 3,2% dans les serveurs et autres équipements de datacenters, contre 0,8% à la fin de 2017.
Revanche sur Intel
C’est que, avec ses microprocesseurs Ryzen et EPYC à architecture Zen et ses processeurs graphiques Radeon à architecture Vega, le groupe, qui compte 10 100 personnes dans le monde, a réussi à effacer son retard technologique et reprendre l’offensive. Cette génération de puces est fabriquée chez GlobalFoundries en technologie FinFET 14 nm, c’est-à-dire avec des transistors 3D et une gravure de 14 nanomètres, la même que celle mise en œuvre par Intel, considéré comme la référence absolue du marché, pour ses processeurs les plus avancés. Auparavant, il était à la traîne avec une technologie de transistors planaires et une gravure de 28 nanomètres, qui le mettait en retard de trois générations technologiques sur ses concurrents.
AMD a réussi à faire rentrer son processeur Epyc dans les datacenters de Microsoft, d’Amazon Web Services et du géant chinois de l’internet Baidu. Et il motorise les consoles de jeux PS4 de Sony et Xbox One de Microsoft. Ces deux constructeurs représentent d’ailleurs ses deux plus gros clients avec respectivement 19% et 11% de son chiffre d’affaires en 2018. Ce qui pourrait constituer une situation de vulnérabilité. Lisa Su promet d’accélérer le train d’innovation avec le lancement cette année d’une nouvelle génération de processeurs à architecture Zen et processeurs graphiques Radeon à architecture Vega fabriqués en technologie de 7 nanomètres chez TSMC, alors qu’Intel attend toujours la mise en production de volume de ces circuits en 10 nanomètres. L’occasion de prendre une grande revanche technologique sur son grand concurrent, environ dix fois plus gros avec un effectif de 107 000 personnes et un chiffre d’affaires de 70,8 milliards de dollars en 2018.
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