L'
Allemagne souhaite investir davantage dans
Airbus et EADS. C'est ce que dévoile ce matin le texte du budget 2008 du ministère des Finances : « Nous étudions (...) avec quels instruments financiers nous pourrions soutenir EADS/Airbus (entre autres en ce qui concerne le développement de l'A350 XWB) afin de préserver les intérêts de nos implantations industrielles et l'équilibre germano-français ».
Deux projets de l'avionneur européen sont dans la ligne de mire de Berlin : l'A350XWB et l'A380. Comme pour le super-jumbo, Berlin veut participer aux coûts de développement de l'A350, estimé à plus de 10 milliards d'euros, par le biais d'avances remboursables. « Un tel pas est essentiel pour (...) préserver des conditions de concurrence comparable » d'Airbus face à son rival
Boeing, selon le texte du budget qui fait référence à l'éternelle querelle entre Européens et Américains sur le soutien à leur industrie aéronautique respective.
Au total, Berlin veut engager entre 2008 et 2011 352 millions d'euros pour son industrie aéronautique, soit 80 millions de plus que dans les plans précédents.
Cet appel à un rééquilibrage fait suite aux tensions intervenues entre Allemands et Français l'an passé, pendant les retards de production de l'A380. Sans compter la bataille du plan de restructuration Power 8 où chaque partie essayait de faire porter davantage l'effort sur l'autre. Finalement, chaque pays prendra en charge 4000 suppressions de poste sur les 10 000 prévues au total.
Le capital du groupe est réparti entre actionnaires français et allemands, privés et publics, avec d'un côté
Lagardère (en train de passer de 12,5% à 7,5%) et l'Etat français (15%), de l'autre DaimlerChrysler (15%) et un consortium d'investisseurs (7,5%) incluant des Länder allemands. Les deux groupes privés détiennent le pouvoir de décision, et l'exercent au sein d'une présidence bicéphale du conseil d'administration. Ce fonctionnement a fait l'objet récemment d'un rapport critique du Sénat français.
La chancelière allemande Angela Merkel a assuré la semaine dernière que Paris et Berlin ont des « objectifs communs » pour EADS et a nié l'existence de « disputes » entre les deux pays à ce sujet.
Quant à Nicolas Sarkozy, il a souhaité lors du salon du Bourget qu'EADS devienne une « entreprise normale », ajoutant que la rivalité franco-allemande n'avait « aucun sens ». « Je ne veux pas qu'on se méprenne sur la signification de ma préoccupation sur le dossier EADS. Si j'ai la ferme volonté de faire évoluer la situation de cette société, c'est parce que je veux démontrer que les fondamentaux de cette entreprise sont remarquables et qu'un groupe franco-allemand peut fonctionner et bien fonctionner », avait-t-il déclaré lors de sa conférence de presse.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy doivent se retrouver le 16 juillet au siège d'Airbus à Toulouse, pour échanger notamment sur le sujet EADS.
Philippe Roger