Agnès Buzyn veut rendre obligatoires 8 vaccins supplémentaires dès 2018
La ministre de la Santé va proposer au Parlement de rendre obligatoires huit vaccins jusque-là recommandés, en complément des trois déjà obligatoires. Un moyen d'enrayer la recrudescence de certaines maladies infectieuses... mais aussi de répondre à l'ultimatum posé par le Conseil d'Etat en février dernier. Cette obligation devrait rentrer progressivement en vigueur à partir du 1er janvier 2018.
Mis à jour
31 août 2017
Agnès Buzyn a de nouveau affirmé vouloir rendre obligatoires 8 vaccins jusque-là recommandés. Dans une inteview données à CNews, la ministre précise vouloir les rendre obligatoires dès le 1er janvier 2018.
Déjà lors d'un point presse, début juillet, la ministre de la Santé a confirmé ce que le Premier ministre Edouard Philippe avait évoqué au cours de son discours de politique générale. Les enfants de moins de deux ans devront, à partir de 2018, être vaccinés contre, non plus trois, mais 11 maladies. Une décision qui "répond à une nécessité de santé publique", a-t-elle déclaré. La défiance de la population vis-à-vis des vaccins, et plus globalement de l’industrie pharmaceutique, et les allégations nombreuses sur les effets secondaires de ceux-ci ont eu ces derniers mois une conséquence tangible : "la réémergence de certaines maladies et cela a engendré des hospitalisations et des décès évitables", a souligné Agnès Buzyn. "Ces maladies transmissibles sont, en outre, particulièrement dangereuses pour les enfants et les personnes plus les fragiles : la vaccination n’est pas seulement un acte individuel, elle est également destinée à protéger son entourage. Se faire vacciner permet de se protéger et de protéger les autres." En rendant ces vaccinations obligatoires, la France espère atteindre un taux de couverture suffisant pour ne pas voir ces maladies infectieuses se propager.
VOS INDICES
source
212 -3.2
Décembre 2022
PVC
Base 100 en décembre 2014
97.3 +0.41
Décembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
178 -1.93
Décembre 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
L'ultimatum du Conseil d'Etat
Mais surtout, en élargissant l’obligation vaccinale, la ministre de la Santé répond à l’injonction formulée en février dernier par le Conseil d’Etat. La plus haute juridiction de l’Etat demandait alors de prendre les mesures nécessaires pour rendre disponibles des vaccins correspondant aux seules obligations de vaccination (diphtérie, tétanos, polio). Aucun vaccin ne correspondant à ces valences n’étant commercialisé en France (mais seulement dans un vaccin dit "hexavalent"), il demandait au ministre de la Santé de saisir les autorités compétentes pour les rendre disponibles dans les six mois. "Sauf à ce que la loi évolue en élargissant le champ des vaccinations obligatoires", glissait alors le Conseil d’Etat. Et c’est bien l’option qui a été retenue par Agnès Buzyn. Sur cette épineuse question, Marisol Touraine avait assuré, lors de la passation de pouvoir en mai, "avoir préparé un texte de loi"… mais qu’elle avait finalement laissé aux bons soins de son successeur.
Lire aussi notre enquête : L'insoluble équation des vaccins
Il faut dire que l’autre option, celle de rendre disponible le vaccin DTPolio, est fermement écartée par Sanofi (seul producteur de ce vaccin), depuis longtemps. "Impossible de reprendre la production de ce vaccin, scande-t-on chez le français. Non seulement il ne correspond pas à nos standards de qualité, mais il ne dispose plus d’autorisation de mise sur le marché (AMM)". Plus précisément, son AMM est "archivée" depuis juin 2011. Ce qui signifie, en clair, que son titulaire (Sanofi) n’a pas demandé son renouvellement, et non que son AMM lui aurait été retirée par l’Agence nationale de sécurité du médicament. Quant à l’éventualité de développer un nouveau vaccin contre ces trois maladies, "il faudrait une dizaine d’années", estime le laboratoire, pour qui il n’est pas question de redéposer une demande de renouvellement. "Ce vaccin datait des années 1940. Depuis les années 1980, de nouveaux vaccins avaient été développés pour répondre aux préconisations du calendrier vaccinal", explique un porte-parole de Sanofi Pasteur.
24 000 cas de rougeole en France entre 2008 et 2016
Désormais, les enfants de moins de deux ans devront donc être vaccinés contre la diphtérie, la poliomyélite, le tétanos, mais aussi contre l’haemophilius influenzae B (bactérie provoquant notamment des pneumopathies et des méningites), la coqueluche, l’hépatite B, la rougeole, les oreillons, la rubéole, le méningocoque C (bactérie provoquant des méningites), le pneumocoque (bactérie provoquant notamment des pneumopathies et des méningites). Des maladies contre lesquels une majorité de parents prémunissaient déjà volontairement leurs enfants. Selon les données de l’Institut de veille sanitaire, le taux de couverture vaccinale pour ces maladie en 2015 pour les enfants de 24 mois étaient de :
98,6% pour la coqueluche
88,1% pour l’Hépatite B
98% pour l’haemophilius influenzae B
78,8% pour la rubéole, les oreillons et la rougeole (2 doses)
91,4% pour le pneumocoque
69,8% pour le méningocoque C
"Depuis l’introduction de la vaccination, les infections invasives à haemophilus influenzae de type B ont baissé de plus de 95% alors que l’on observait près de 600 cas par an auparavant", a illustré Agnès Buzyn. "En ce qui concerne la rougeole, la couverture vaccinale à 2 ans est de 78% alors que, tant qu’elle n’atteindra pas le niveau de 95 %, le risque de vagues épidémiques périodiques persistera. Entre 2008 et 2016, plus de 24 000 cas de rougeole ont été déclarés en France. Près de 1 500 cas ont présenté une pneumopathie grave, 34 une complication neurologique et 10 sont décédés".
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