Affaire Lactalis, Cash Investigation, négo commerciales ... les industriels du lait sous pression

Plus de transparence sur leurs modèles économiques, une sécurité sanitaire infaillible, de meilleurs prix payés aux éleveurs laitiers… En pleine affaire Lactalis, les géants des produits laitiers sont sous pression de toutes parts.

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Affaire Lactalis, Cash Investigation, négo commerciales ... les industriels du lait sous pression

Que retenir de la réunion de crise organisée par le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert mardi 17 janvier au soir avec toute la filière du lait (éleveurs, coopératives comme Sodiaal, industriels privés tels que Nestlé, Lactalis et Danone, grande distribution) ? Pour éviter une nouvelle affaire comme celle que traverse actuellement Lactalis avec le retrait massif de ses produits de nutrition infantile suite à une contamination par des salmonelles, les pouvoirs publics haussent le ton. Un "plan de contrôle spécifique" sur trois mois est lancé pour toutes les usines de lait infantile. Les entreprises du secteur devront aussi faire remonter tous les résultats d’autocontrôles défavorables réalisés sur leurs produits ou dans les sites de fabrication… Pour garantir la sécurité sanitaire, tous les industriels du lait sont donc désormais sous surveillance.

Des prix du lait très différents, entre le privé et les coopératives

Au même moment, ils doivent mener à bien leurs négociations commerciales avec la grande distribution pour fixer, avant le 1er mars, le prix de vente de leurs produits. Un bras de fer annuel, qui prend une nouvelle tournure cette année. Car la Loi Sapin 2 les oblige désormais à afficher, dans leurs conditions générales de vente, le prix prévisionnel payé aux producteurs pour l’année en cours. Des informations dont n’a pas manqué de se saisir la Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL), qui défend les intérêts des éleveurs laitiers.

Or, l’écart est grand suivant les entreprises, entre 335 et 375 euros pour 1 000 litres de lait. Les industriels privés se montrant plutôt mieux disant que les coopératives, qui sont pourtant le regroupement d’éleveurs. Mais aucune entreprise ne précisant en détails ce que ce prix recouvre (le prix standard ou réellement payé ? la matière protéique ou la matière grasse vendue plus chère ?), ces contrats "peuvent dire la même chose à la fin !", s’étonne André Bonnard, le secrétaire général de la FNPL, qui réclame plus de transparence.

Un plan signé par toute la filière en décembre

C’est d’ailleurs à ses yeux un des grands enjeux du plan de filière signé par toute l’interprofession française du lait – la distribution incluse, une première – fin décembre, à l’issue des Etats Généraux de l’Alimentation. Objectif, améliorer la qualité et la traçabilité des produits, mais obtenir un meilleur prix du lait, plus lisible et plus stable. A l’instar du groupe Bel (aux marques Vache qui rit, Babybel, Kiri…), cité en exemple après avoir annoncé en décembre un accord sur un prix annuel de 350 euros avec ses producteurs français, en contrepartie d'engagements sur leurs pratiques (alimentation sans OGM pour les troupeaux, mise en valeur du pâturage…). Un travail récompensé lors des derniers Trophées des Femmes de l'industrie organisés par L'Usine Nouvelle.

L’interprofession s’est donné six mois pour mener à bien ces discussions. Au risque, sinon, de connaître par exemple une nouvelle pénurie de beurre. Car la demande en matière grasse reste importante, contrairement à celle de son coproduit, la poudre de lait, toujours en surstock à l’échelle européenne. Et faute d’entente avec les grandes surfaces, les industriels avaient en fin d’année dernière préféré le vendre aux marchés qui reconnaissaient des hausses de prix, comme les grossistes ou l’international…

Lactalis et Sodiaal sous le feu des critiques

Enfin, les géants du lait sont appelés à plus de transparence. Les modèles économiques de Lactalis, le numéro un mondial des produits laitiers et de Sodiaal, la première coopérative laitière française, ont été critiqués par l’émission Cash Investigation, diffusée sur France 2 dans la soirée du 16 janvier.

Sodiaal n’a rien à cacher, se défend cette dernière dans un communiqué. "Au vu du niveau exceptionnel de la crise laitière, Sodiaal a redistribué en 2017 un montant équivalent à 106 % du résultat 2016 à ses producteurs/adhérents, soit 25 millions d’euros, et non 3,5 millions comme prétendu dans l’émission, précise-t-elle notamment. Le montant de 526 millions d’euros indûment qualifié de "trésor de guerre" dans le reportage ne correspond qu’à un actif au bilan social de Sodiaal International, et non à de la trésorerie."

"J’aimerais néanmoins avoir les conclusions du nouveau directeur général", qui l’ont poussé à annoncer le mois dernier un plan d’économies de 150 millions d’euros sur quatre ans, faute de rentabilité suffisante, estime André Bonnard, lui-même éleveur et sociétaire de Sodiaal.

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