Affaire Benalla: Perquisition avortée à Mediapart

PARIS (Reuters) - Les dirigeants du site d'information Mediapart ont refusé lundi une perquisition de leurs locaux dans le cadre d'une enquête sur la diffusion d'enregistrements de l'ex-homme de confiance d'Emmanuel Macron Alexandre Benalla.
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Affaire Benalla: Perquisition avortée à Mediapart
Les dirigeants du site d'information Mediapart ont refusé lundi une perquisition de leurs locaux dans le cadre d'une enquête sur la diffusion d'enregistrements de l'ex-homme de confiance d'Emmanuel Macron Alexandre Benalla. /Photo prise le 19 septembre 2018/REUTERS/Gonzalo Fuentes

"Deux procureurs, accompagnés de trois policiers, ont voulu perquisitionner ce matin, à 11h10, les locaux de Mediapart dans le cadre d'une enquête ouverte par le parquet pour (notamment) atteinte à la vie privée de M. Benalla", ont-ils déclaré sur le compter Twitter du site.

"Cette enquête, qui vise les enregistrements révélés par Mediapart, est susceptible d'atteindre le secret des sources de notre journal", ont-ils ajouté. "C'est pourquoi nous avons refusé cette perquisition."

Selon une source judiciaire, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour atteinte à l'intimité de la vie privée et détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques pouvant permettre l'interception de télécommunications ou de conversations.

Le parquet "a été rendu destinataire d'éléments" qui ont justifié le lancement de cette procédure, a-t-on ajouté de même source, sans autre précision sur la nature de ces "éléments".

C'est dans ce cadre que les deux magistrats du parquet et les enquêteurs se sont présentés dans les locaux de Mediapart "à fin de saisir les enregistrements diffusés la semaine dernière", a-t-on confirmé de même source.

Une voix, présentée comme celle de l'ancien chargé de mission de l'Elysée, se vante sur ces enregistrement du soutien du chef de l'Etat.

On confirme aussi de source judiciaire que les responsables du site "n'ont pas donné leur assentiment" à cette perquisition, comme ils en avaient le droit dans le cadre d'une enquête préliminaire.

Alexandre Benalla a été licencié l'été dernier de l'Elysée après les révélations sur sa participation à la répression de manifestants du 1er-Mai 2018, épisode pour lequel il a été mis en examen.

Depuis lors, ce qui est devenu "l'affaire Benalla" ne cesse de rebondir, notamment à propos des relations qu'il aurait pu conserver avec Emmanuel Macron après son licenciement.

RSF DÉNONCE DES INTIMIDATIONS

"Aujourd'hui le parquet met en danger le journalisme d'investigation en procédant à ce qui relève clairement d'intimidations", a déclaré le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, lors d'une conférence de presse dans les locaux de Mediapart à Paris.

"Qu'est ce qu'un pays où le secret des sources n'est pas garanti ?" a-t-il ajouté. "C'est un pays où les citoyens sont privés de leur droit à avoir accès à une information qui ne soit pas seulement officielle."

Le président, directeur de publication et co-fondateur du site d'informations, Edwy Plenel, a mis pour sa part en cause le rôle du procureur de la République de Paris.

"S'il n'y a pas eu de plainte avec constitution de partie civile et qu'il y a initiative du parquet seul, cela veut donc dire que le parquet se porte garant de la vie privée de M. Benalla sans que ce dernier ne lui ait rien demandé, cela veut dire qu'il se fait le serviteur du président de la République", a-t-il déclaré.

Pour que la perquisition puisse effectivement avoir lieu, il faudrait qu'une requête en ce sens soit validée par le juge des libertés et de la détention, a expliqué de son côté l'avocat du site, Emmanuel Tordjman.

Les journalistes auteurs des révélations publiées jeudi ont déjà fourni les enregistrements aux juges du siège chargés d'enquêter sur l'affaire Benalla, a-t-il ajouté.

La tentative de perquisition a été condamnée par des responsables politiques sur les réseaux sociaux, notamment à gauche. Le chef de file de Génération.s, Benoît Hamon, a ainsi estimé sur Twitter que "le secret des sources (était) un sanctuaire que tout démocrate sincère doit protéger".

"On n'a plus le droit d'enquêter sur les amis du président, en France ?" a pour sa part demandé Ian Brossat, tête de liste du Parti communiste aux élections européennes, qui s'est dit "100% solidaire des équipes de Mediapart".

(Emmanuel Jarry et Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)

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