Achats low cost : Vers une stratégie globale
Qu'on le veuille ou non, la globalisation des marchés incite à globaliser ses raisonnements stratégiques. Ce qui peut, à l'extrême, conduire jusqu'au zéro usine, comme le montre, par exemple, l'organisation d'Ingenico. Le leader mondial des terminaux de paiement, présent sur tous les continents, a progressivement transféré la fabrication de ses produits à des partenaires industriels, au Brésil, en Europe de l'Est et bientôt en Chine. Entre le simple achat de fournitures, de pièces ou de composants et le " fabless ", toutes les solutions intermédiaires sont désormais explorées, sans établir de clivage rigide entre les différentes options. Exemple : pour ses friteuses, Seb ne se contente pas d'acquérir auprès d'un fournisseur asiatique les cartes électroniques dont sont dotés ces produits, il lui confie aussi la fabrication des couvercles en plastique dans lesquels sont logés ces composants. Evidemment l'exercice a ses limites : il faut pouvoir composer avec le plan de charge de ses propres usines, les dangers politiques et sociaux des transferts de production, la pérennité de sous-traitants nationaux incontournables... Mais aussi préserver son indépen- dance, voire se donner les moyens de sa propre survie. D'une part, les transferts de production peuvent conduire à de pernicieux transferts de savoir-faire. D'autre part, ils risquent de donner naissance à la constitution de nouveaux géants mondiaux : c'est déjà le cas dans la sous-traitance électronique, avec des mastodontes fortement implantés dans les low cost et dont les chiffres d'affaires peuvent représenter jusqu'à dix fois ceux de leurs clients...
Par Jean-Louis Marrou, rédacteur en chef