A321neo transatlantique : l’astuce industrielle d’Airbus pour contrer le 757 de Boeing
Transformer un moyen-courrier en long-courrier : c’est l’astuce industrielle d’Airbus avec l’A321neo LR. Une idée "simple" qui pourrait rapporter gros. Et bousculer Boeing et son 757…
Qui a dit qu’Airbus ne lançait plus de nouveaux programmes ? Si l’avionneur européen maintien sa stratégie de ne pas mettre en œuvre un programme neuf de A à Z pour plusieurs années encore, il opère dans le même temps un renouvellement de son offre commerciale à un rythme soutenu.
Après l’A330neo, Airbus, par la voix de Kiran Rao, son directeur des ventes et du marketing, propose ni plus ni moins qu’une petite révolution dans le segment des moyen-courriers : un monocouloir A321neo qui sera capable d’assurer les vols entre l’Europe et les Etats-Unis. Une première. Ce nouveau modèle est dénommé A321neo "LR", pour Long Range (longue portée) : l’avion pourra en effet parcourir près de 7600 km, contre 6850 km pour l’A321neo classique. Le Paris-Chicago en monocouloir moyen-courrier devient réalité. L’offensive d’Airbus vise d’ailleurs clairement le marché nord-américain.
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"Airbus détient aujourd’hui 20% de ce marché, détaille un porte-parole du groupe. L’objectif est d’atteindre 50% dans les dix prochaines années". Dans la ligne de mire de l’avionneur : le Boeing 757, dont les besoins de renouvellement en raison de l’âge de certains appareils vont forcer les compagnies aériennes à lui trouver un successeur.
Une innovation… toute simple
Comment Airbus s’y prend pour proposer une telle offre ? En ne faisant rien... ou presque : c’est l’introduction d’un nouveau réservoir dans les soutes de l’appareil, à la place d’une partie de la zone réservée au fret, qui permet d’augmenter le rayon d’action de manière aussi conséquente. Or, le groupe propose déjà des A320 et A319 dits "corporate jets", autrement dit des jets d’affaires réservés aux VIP, avec un grand rayon d’action. "Ce que nous proposons, nous savons déjà le faire", résume le porte-parole du groupe. Une nouvelle option qui fait passer le poids au décollage de l’avion de 93,5 à 97 tonnes.
Ce changement, que l’on peut qualifier de "simple", ouvre tout un nouveau marché à Airbus grâce aux performances de l’appareil. "L’A321neo LR permettra de réduire de 25% les coûts d’exploitation par passager", avance-t-on chez Airbus. Des arguements qui pourraient faire mouche au niveau des compagnies aériennes. L’appareil pourra transporter 185 ou 240 passagers suivant le nombre de classes envisagées. Les premiers modèles d’A321neo LR devraient être disponibles dès 2019. Et il y a fort à parier qu’ils sortiront de la ligne d’assemblage de l’usine de Mobile (Alabama) d’Airbus.
Avec le lancement inattendu de cet appareil, Airbus fait encore une fois la preuve du pragmatisme qui caractérise ses dernières annonces (A320neo, A330neo...) : les nouveaux modèles ou nouvelles options sur les modèles existants sont issus d’un travail mené de concert entre les équipes d’ingénieurs et de commerciaux, ces derniers opérant les remontées de terrain. L’A320 est déjà le programme le plus rentable d’Airbus : le coût de développement de l’A320neo (près de 3300 commandes à ce jour, un record), s’élève à 1 milliard d’euros contre 12 milliards d’euros pour l’A380. Cette nouvelle astuce industrielle d’Airbus devrait encore augmenter la profitabilité de ce programme. Et peut-être pousser Boeing, qui avait déjà été pris de cours avec l’A320neo, à sortir une version "long range" de son moyen-courrier, le 737MAX…
Olivier James
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