A Toulouse, le rêve… et les embûches du robot agricole autonome
Dans la Ville Rose, start-up comme industriels se retrouvent à l’occasion du Forum international de la robotique agricole. Dans l’espoir de lever les embuches sur le parcours du robot autonome, futur compagnon de l’agriculteur…
A Toulouse, ils ont fait un rêve. Celui d’un robot léger, autonome, d’une redoutable précision, peu onéreux mais aussi intelligent et communiquant, qui envahirait demain les champs pour aider les agriculteurs à réduire la pénibilité de leur travail, l’usage de pesticides, et améliorer leurs rendements. Au Forum international de la robotique agricole (FIRA), organisé ces 29 et 30 novembre à l’initiative de la PME innovante Naïo Technologies, start-up et grands industriels partagent ce même dessein.
L’ère révolue des énormes tracteurs et moissonneuses-batteuses
L’ère des gigantesques tracteurs et moissonneuses-batteuses serait-elle révolue ? Avec leur arrivée dans les exploitations, "on a produit 25% en plus avec trois fois moins de travailleurs entre 1980 et 2015", observe Philippe Jeanneaux, enseignant-chercheur à l’école supérieure VetAgro. Mais on arrive désormais à un point mort. Les dégâts suscités par la compaction du sol, les enjeux croissants de protection de l’environnement - comme le rappelle la fronde contre le glyphosate - et de diversité des cultures - avec la croissance du bio -, tout comme l’endettement et les difficultés rencontrés par de nombreux agriculteurs appellent à de nouvelles solutions. En particulier sur les petites exploitations, qui s’étendent sur 30% des surfaces agricoles mondiales, mais produisent 70% de la nourriture, selon Pal Johan From, professeur en robotique à l’Université des Sciences Humaines de Norvège !
Technologies à foison
Grâce aux avancées réalisées dans les batteries, les énergies renouvelables et l’intelligence artificielle, le champ des robots attise les convoitises de tous les constructeurs, petits et grands. La toulousaine Naïo, bien sûr, née en 2011, et dont les robots désherbeurs, au design soigné, devraient lui rapporter près de 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires cette année. Désherbage au laser, phénotypage robotique, tracteur en autoguidage, cueillette automatique, drone pulvérisateur autonome : à travers le monde, centres de recherche et start-up sont désormais capables d’embarquer de multiples technologies sur des robots guidés par GPS.
L’appétit des géants John Deere ou même Bosch
Même l’industriel allemand Bosch planche sur des robots agricoles, tandis que cinquante véhicules autonomes du spécialiste japonais Kubota débarqueront l’an prochain dans les rizières. Les transactions se multiplient d’ailleurs dans le secteur, comme le rachat en septembre par le roi américain des tracteurs John Deere de la start-up robotique Blue River, pour 305 millions de dollars, ou l’appétit des fonds d’investissements, tels que le français CapAgro. Pour booster et structurer une offre française de robotique agricole, l’association RobAgri vient d’ailleurs de voir le jour, emmenée par l’industrie des agroéquipementiers hexagonaux Axema et l’institut de recherche Irstea.
Une réglementation à faire évoluer
Mais la route reste semée d’embuches. Comme la réglementation, à l’étranger comme en France, où l’assureur Groupama – il a développé ses propres drones - plaide, aux côtés des constructeurs, pour une évolution dans les robots terrestres, comme il y est parvenu pour les drones agricoles. Selon les constructeurs, ces robots seront moins onéreux que les machines géantes du passé. Certes, mais quel sera le coût cumulé de l’armée de petits robots nécessaire pour mener en temps voulu du semi, du désherbage ou des récoltes ? Et, s’ils parviennent un jour à devenir autonomes à 100%, ira-t-on vers la fin de l’autonomie de la décision des agriculteurs, questionne Philippe Jeanneaux?
L’enjeu crucial des données agricoles
Certes, la question s’est posée dans de nombreux autres pans de l’industrie. Mais, quel que soit le choix que feront les agriculteurs, ils devront veiller à ne pas perdre la main sur la souveraineté des volumineuses masses de données que produiront leurs nouveaux compagnons bourrés de capteurs. Malgré les velléités d’agroéquipementiers mondiaux d’en faire un nouveau business… C’est d’ailleurs le sens du Manifeste Big AGRO Data, que vient de lancer Smag, l’éditeur de logiciels de la première coopérative agricole hexagonale, InVivo. A bon entendeur…
A Toulouse, le rêve… et les embûches du robot agricole autonome
Tous les champs sont obligatoires
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