A qui profiterait (ou pas) la mort du diesel ?
L’affaire Volkswagen va peut-être précipiter la fin du diesel en Europe, du moins en France. Quelles seraient les conséquences d’un alignement du prix du gazole sur celui de l’essence, envisagée notamment par Ségolène Royal ?
Contrôle pollution diesel - Crédits Jean-François Préveraud
Le diesel vit-il ses dernières années ? "Intrinsèquement, la part du diesel pour les véhicules particuliers va baisser, prédit un industriel de la filière automobile française. L’offre de diesel issue des raffineries n’est pas extensible, or le transport de marchandises, terrestre et maritime, augmente et son carburant est par définition le diesel."
VOS INDICES
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95.1 -3.11
15 Août 2022
Pétrole Brent contrat à terme échéance rapprochée
$ USD/baril
737.06 +2.23
Juin 2022
Graines de soja - Etats-Unis
$ USD/tonne
162.2 -0.31
Juin 2022
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 24.42 − Aluminium (prix de marché)
Base 100 en 2015
Le récent scandale Volkswagen et le débat sur la nocivité de ce carburant pour la santé, à quelques semaines de la COP 21, le sommet sur le climat de Paris, semblent accélérer sa déchéance dans le monde automobile. La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal l’a affirmé le 4 octobre sur France 5 : "La discussion [sur l’augmentation des taxes sur le diesel, ndlr] est sur la table". Mais quelles seront les conséquences de ce rééquilibrage ?
L'impact Sur les constructeurs et équipementiers.
De 64,6% sur les neuf premiers mois de 2014, la part des ventes de véhicules diesel en France a baissé à 58,2%. Ce recul des ventes remet directement en cause une partie de la filière automobile. Selon des chiffres de la FIEV et du CCFA, 10 000 emplois portent directement sur le diesel (recherche et développement, production).
L’année dernière, les constructeurs français ont produit 1,8 million de véhicules diesel dans le monde. Si les usines d’assemblage peuvent invariablement produire des modèles essence ou diesel, il n’en est pas de même pour les usines de mécanique, dont les lignes sont dédiées à l’une ou l’autre motorisation.
Un basculement de la production de moteurs essence à diesel sur le site Renault de Cléon (Seine-Maritime) demanderait par exemple une adaptation de l’usine. A qui s’adressera la facture de la reconversion des "diesélistes" ?
L'impact Sur la filière automobile dans son ensemble.
Au total, ce sont 200 000 emplois qui dépendent indirectement du diesel, notamment dans les garages pour la réparation et l’entretien. Par ailleurs, plusieurs sous-traitants étrangers, comme Delphi qui dispose d’activités R&D spécialisées dans le diesel, sont implantés en France. Pourraient-ils revoir leur implantation dans l’Hexagone ?
L'impact Sur les comptes de l’Etat.
Le simple réalignement de la fiscalité du diesel au niveau de l’essence se traduirait par une recette de 800 millions d’euros par an. D’autres recettes pourraient également s’ajouter, par exemple concernant les véhicules de flottes d’entreprise. Aujourd’hui, 100% de la TVA est remboursé sur l’achat d’un véhicule diesel, contre 80% pour un véhicule essence. Cette exonération de TVA va-t-elle perdurer ? L’équilibre du bonus-malus pourrait aussi basculer définitivement dans le positif, beaucoup de véhicules bonusés, donc faiblement émetteurs de CO2, sont des diesel.
Reste à savoir si l'Etat pourrait s'exonérer d'un plan de reconversion des salariés du diesel...
Pauline Ducamp
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