A l'usine Renault Tanger, la machine à recycler de Suez Environnement
Tolérance zéro pour les ordures. L'usine Renault Tanger fait appel aux services de Suez environnement pour la gestion de ses rejets. Après avoir valorisé 52 800 tonnes de déchets en 2014, l'usine prévoit 75 000 tonnes en 2015. Le Maroc ne disposant pas de filières pour des déchets industriels dangereux, Renault exporte ceux-ci vers l'étranger. Reportage.
Plastiques, aciers, cartons... La chasse aux déchets industriels est perpétuelle, au sein de l'usine Renault Tanger. Au coeur du site industriel, 77 salariés de Sita Recycling sont chargés de récolter les déchets et de les emmener dans un parc dédié de 4 000 m3, en plein air. Sous le ciel gris et un peu pluvieux, Ridouane Debdoudi, responsable du lieu pour Sita, nous montre les résultats de sa "chasse aux trésors".
Renault Tanger, une usine zéro déchets
À l'exception des métaux, tous les matériaux sont centralisés dans le parc des déchets qui se trouve dans l'usine. Des cartons d'emballages sont triés, des palettes en bois sont entreposées. Sous une benne, deux employés vêtus de tenues de protection trient les différents types de déchets banals et les produits dangereux. "La plupart des chutes de production comme les matières en carton sont traitées localement", expose un responsable de Suez.
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Dès le lancement de son usine à Tanger en 2010, Renault s'est engagé pour l'environnement et le développement local. Objectif : zéro émission de CO² et mettre en musique l'économie circulaire. Pour déployer sa politique environnementale, le constructeur automobile s'est appuyé sur Sita et Métalimpex, toutes deux filiales de Suez environnement, dans le cadre d'un contrat de 5 ans signé en 2011. Véolia emportant de son côté le marché de la gestion de l'eau et de la climatisation.
Située dans la zone franche de Melloussa, à 30 kilomètres de Tanger, l'usine Renault est la plus grande d'Afrique, étendue sur 280 hectares. Elle possède également la certification ISO14001 pour son système de gestion de l'environnement, qui prévoit notamment que l'ensemble des déchets soit traité selon les moyens appropriés.
Vêtu de son gilet jaune et marchant d'un pas décidé, Ridouane Debdoui, qui maîtrise parfaitement le sujet, nous montre le parc a ordures. "Les déchets en plastique sont broyés, avant d'être envoyés aux sous-traitants de Renault, qui vont en faire des pare-chocs et d'autres pièces pour la voiture", explique-t-il. "Une partie du bois récupéré est utilisé pour la chaufferie de l'usine."
Véolia Environnement réutilise notamment ce bois, additionné de noyaux d'olive de production locale et du bois d'eucalyptus importé, pour la production d'énergie (climatisation et chauffage de l'usine). Ce qui permet à Renault d'éviter le rejete de 135 000 tonnes de CO2 par an, selon ses données.
Les huiles quant à elles sont stockées dans un hangar, à l'abri des caprices du climat marocain, avant d'être envoyées dans les cimenteries où elles sont brûlées. "Les DID [Déchets industriels dangereux] sont conditionnés puis sont exportés," explique Ridouane Debdoudi, qui nous fait la visite au pas de course. On apprendra plus tard que ces produits sont notamment exportés en Espagne pour y être détruits, le Maroc n'autorisant pas ce process sur son territoire.
250 tonnes de déchet métalliques sont valorisés chaque jour
Dans un autre parc dédié à quelques blocs de là, Thibault Maillard, directeur général de Métalimpex, l'autre filiale de Suez chez Renault, nous présente le traitement des déchets métalliques. Dans un vacarme formidable de ferraille, le métal est compressé en blocs compacts façon Cesar. Une fois valorisée, une partie de ces blocs est envoyée aux sous-traitants, toujours dans un souci d'économie circulaire. Le reste est exporté, notamment en Chine. "Chaque jour, nous traitons jusqu'à 250 tonnes de déchets métalliques. Si la machine tombe en panne pendant 15 minutes, c'est toute la chaîne de production de l'usine qui s'arrête."
C'est dans ce parc que sont également envoyées les pièces détachées défectueuses. Le déchet métallique est séparé des autres composants. L'un des responsables de Suez explique que "Renault préfère les détruire plutôt que de les voir sur le marché parallèle de l'automobile ."
Si plus de 56 000 tonnes de déchets ont été traités en 2014, le chiffre pour l'année 2015 pourrait s'élever à 75 000 tonnes. Dans cet enjeu mondial qu'est la protection du climat, Renault veut jouer le jeu. Et saura sans doute le mettre en valeur lors de la COP 22 qui doit se tenir au Maroc en 2016 après la COP 21 de Paris cet automne.
À Tanger, Romain Lambic
Suez renforce sa présence au Maroc
Depuis 1997, Suez environnement - via Lydec, sa filiale marocaine - gère la distribution d'eau potable et d'électricité, la collecte et le traitement des eaux usées ainsi que l'éclairage public dans la région du Grand Casablanca. Sur l'ensemble du Maroc, la société gère notamment les services de collecte et la propreté urbaine, la création et l'exploitation des centres d'élimination et de valorisation ainsi que la gestion globale des déchets industriels. Actuellement, Suez réalise à Meknès un centre de traitement des ordures ménagères qui devrait pouvoir traiter 300 000 tonnes de déchets par an.
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