A Douai, le nouveau Renault Espace bénéficie de la qualité Daimler et Infiniti
Renault a beaucoup travaillé avec son partenaire allemand Daimler et le japonais Infiniti pour améliorer la qualité perçue de la cinquième génération d’Espace, modifiant en conséquence le processus de production de l’usine de Douai (Nord).
Mis à jour
28 novembre 2014
C’est un tout petit bouton, niché sur la planche de bord du nouvel Espace. "La boîte à gants s’ouvre mécaniquement en appuyant dessus. Le bouton fait un bruit, constate Franck Naro, directeur de l’usine Renault de Douai (Nord). Nos collègues de Daimler l’ont tout de suite détecté, et selon leurs critères, ce bruit n’était pas acceptable". Ces critères sont ceux du haut de gamme, un segment où Renault souhaite revenir avec le nouvel Espace, mais dont il a oublié depuis dix ans la philosophie.
Pour réussir son pari, dans un segment ultra-compétitif, le français a frappé à la porte de son partenaire allemand, avec qui il entretient de (bonnes) relations stratégiques depuis 2010. "Pour un véhicule de cette gamme, la qualité perçue est fondamentale", explique Phillippe Brunet, directeur programme du segment D. "Le niveau est beaucoup plus élevé que par le passé", ajoute Philippe Prevel, directeur qualité du groupe Renault.
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Benchmark avec Daimler et Infiniti
Il y a plus d’un an, Daimler a donc passé l’Espace au peigne fin. "Quand Daimler l’a coté pour la première fois, il y avait un écart de 25% environ avec notre benchmark. Aujourd’hui, cet écart n’est plus que de 3 à 4%" conclut Franck Naro. La réduction de l’écart ne signifie pas que Renault a résolu tous les petits accrocs, mais qu’il a aligné son outil de cotation sur celui de son partenaire. Cet examen très en amont lui a néanmoins permis d’améliorer le véhicule mais aussi de faire évoluer ses process de production à Douai pour concevoir une usine haut de gamme. "Renault a mis en place une démarche de benchmark, comme pour chaque véhicule, mais dans le cadre de nos partenariats, Infiniti chez Nissan et Daimler, les échanges sont plus profonds, les discussions plus poussées", poursuit le directeur.
Cabine de lumière
Des salariés de Mercedes se sont donc mélangés aux équipes qualité de Douai. "Si pendant la phase de développement, nous sommes très rigoureux, le véhicule de série sera de très grande qualité", affirme Franck Naro. Les critères de qualité perçue sont alors devenus plus sévères, avec une hausse des niveaux de conformité. "Sur un point de mesure, nous sommes vigilants au dixième près, précise Jean-Philippe Daveau, directeur qualité de l’usine de Douai. Sur un écart de 4mm, notre tolérance est par exemple comprise entre + 0,1 et -0,1 mm". Les contrôles qualité ont aussi été renforcés.
Ainsi, en peinture, Douai s’est équipé pour plus de 200 000 euros d’une cabine lumière identique à celle qu’utilise Daimler. Cette pièce à miroir et néons de différentes sensibilités permet de vérifier si la teinte du véhicule est bien conforme à la plaque étalon fournie par BASF, le producteur de peinture. Chaque semaine, les neuf teintes de l’Espace sont contrôlées pour s’assurer de leur conformité sur le capot ou les ailes en aluminium, le hayon en polymère ou les bas de caisse en acier.
Contrôle en fin de chaine
Douai a aussi créé une ligne de contrôle qualité perçue spéciale en bout de chaine, un dispositif inspiré de celui des usines Infiniti. "Nous contrôlons la géométrie de fermeture des ouvrants, le jeu entre les ouvrants ou encore la dureté de fermeture des portes", souligne Valérie Masson, en charge du flux premium et de la certification à Douai. Alors qu’il faisait plutôt attention à l’écart entre deux ouvrants, Renault s’est plié au modèle Mercedes, où l’important est que la distance entre deux ouvrants soit toujours identique, avec un fini très droit. Les salariés contrôlent également le fonctionnement de la tablette R-Link ou des équipements électriques, de plus en plus nombreux, comme le coffre à ouverture à distance.
Flux premium
Mais les contrôles à chaque étape de la production ne font pas tout. Renault a aussi adapté certains process Nissan pour "upgrader" sa production à Douai. C’est le concept de "flux premium". Le japonais certifie les usines qui produisent les véhicules premium de sa marque Infiniti comme ses modèles généralistes. Il alloue simplement plus de temps et place plus de personnel pour les modèles Infiniti. Douai a copié l'usine de Sunderland, qui vient justement d’être certifiée par Nissan. Le numéro 2 de Douai, Steve March, vient d’ailleurs de ce site de référence en Europe. "En moyenne, les opérateurs ont 1 minute 30 pour réaliser leurs opérations de montage, relate Jean-Philippe Daveau. Pour un Espace, ils auront besoin de plus de temps, mais seront plus nombreux, et pourront suivre le véhicule sur trois postes de montage".
Douai a aussi réintégré certaines étapes de l’assemblage. Les planches de bord avant, confiées à un sous-traitant, sont par exemple désormais assemblées en interne. Les fournisseurs n’ont pas été exclus de la production de l’Espace, au contraire. Chaque membre du comité exécutif de l’usine a ainsi en charge un fournisseur et le suit, notamment au niveau de la qualité. L’usine attend désormais l’accord de fabrication de l’Espace, qui doit intervenir d’ici la fin de l’année, pour une commercialisation au printemps. Trois cents unités de pré-série sont déjà sorties des chaines de Douai.
Pauline Ducamp, à Douai
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