700 millions d’euros pour l’Airbus des batteries et 100 000 bornes de recharge publiques en France d’ici 2022
A la veille de la remise d’un rapport sur la France et les révolutions à venir dans l’automobile, le gouvernement français a confirmé sa place dans la création d’une filière européenne des batteries destinée à répondre à la concurrence asiatique.
La France emboîte le pas à son voisin allemand. L’Hexagone a annoncé mercredi 13 février son intention d’investir 700 millions d’euros au cours des cinq prochaines années dans le projet de construction d’une filière européenne des batteries, communément désignée sous l’expression d’ "Airbus des batteries". Cette enveloppe vient compléter le milliard d’euros que son voisin Outre-Rhin veut dégager d’ici à 2022, dans le cadre d’un projet important d'intérêt européen commun (IPCEI). Une annonce qui est intervenue quelques heures avant le gala organisé pour le centenaire de l'Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA), et à la veille de la publication d’un rapport attendu sur "le futur de la mobilité et l’attractivité de la France".
Mandatés par le président de la République Emmanuel Macron à l’automne dernier, Xavier Mosquet, directeur associé senior au Boston Consulting Group (BCG), et Patrick Pelata, ancien directeur général de Renault et aujourd’hui président de la société de conseil Meta Consulting, se sont en particulier penchés, dans leur rapport présenté jeudi 14 février au matin à Paris, sur la place de la France dans l’écosystème en formation autour du véhicule électrique. Interrogé par L’Usine Nouvelle, le premier met en avant la nécessité de se doter d’une force de frappe dans ce qui reste pour l’heure une spécialité asiatique, à la fois sur les composants, la chimie intermédiaire et les cellules des batteries : "La batterie est un enjeu majeur pour la filière, puisqu’elle représente 30 à 35% du coût total d’un véhicule électrique", justifie Xavier Mosquet.
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D’autant que l’heure presse. "D’ici 2030, le marché mondial des batteries pour véhicules électriques devrait atteindre 45 milliards d’euros, dont 25% du montant lié au marché européen", estime le responsable du BCG, qui plaide pour une filière compétitive dès 2022 à 2023 pour faire face à la croissance de la demande. De quoi permettre également d’enrayer l’impact sur l’activité automobile en Europe, menacée par la transition du thermique vers l’électrique. "L’évolution du moteur diesel, puis aujourd’hui essence, vers les solutions électriques est susceptible d’engendrer un certain nombre de reconversions industrielles", abonde Xavier Mosquet.
100 000 bornes publiques en France d’ici 2022
En parallèle, le spécialiste estime que la progression du véhicule électrique dans les ventes en France passera par une "meilleure visibilité donnée aux consommateurs et constructeurs automobiles", précise l’expert. En plus du bonus écologique de 6 000 euros fixés pour l’achat d’un véhicule électrique en France, Xavier Mosquet préconise la mise en place d’incitations à l’usage, telles que l’accès à des voies prioritaires pour les véhicules à batterie ou des places de stationnement réservées, voire gratuites, comme c’est par exemple le cas en Norvège. Des pratiques qui pourraient être encouragées par le gouvernement dans le cadre du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM).
Par ailleurs, le gouvernement français devrait rappeler son intention de faire passer le réseau de bornes publiques de recharges de 25 000 unités, à 100 000 d’ici 2022. Et ce, à condition de mettre en place un maillage équilibré sur l’ensemble du territoire et travailler sur l’interopérabilité de ces stations de recharge, précise Xavier Mosquet. Un défi qui devrait là encore être traité dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités. Au total, ces mesures devraient permettre de faire grimper la part des véhicules électriques dans les immatriculations en France, et consolider l’image de "pionnière" que cultive l’Hexagone dans cette technologie.
"La France a su bien se placer au départ, en ayant notamment la chance d’avoir un constructeur comme Renault-Nissan plutôt pionnier dans le domaine. Aujourd’hui, à la fois en termes d’immatriculations et de parc, l’Hexagone est le deuxième marché européen après la Norvège", se félicite le responsable du BCG. "On compte par ailleurs en France une borne pour huit véhicules électriques ou hybrides rechargeables, ce qui est supérieur à la recommandation européenne qui suggère une borne publique pour dix véhicules en parc".
Partage de kilomètres sur le véhicule autonome
Une avance moins nette du côté des véhicules autonomes. En la matière, les concurrents américains ont bénéficié de la dynamique lancée par le projet initial de l’agence américaine de la défense, la Darpa en 2004, ainsi que d’une réglementation plus flexible permettant de faire circuler sur les voies des véhicules sans chauffeur. A l’inverse, la France est soumise à la convention de Vienne, plus contraignante. Deux éléments qui expliquent la longueur d’avance détenue par les acteurs américains tels que Waymo, Uber, General Motors ou encore l’équipementier Aptiv. Dans un tel contexte, trois pistes d’actions sont identifiées par Xavier Mosquet. La première est une mise en commun de propositions d’homologation à l’échelle de l’Europe entre les acteurs des différents pays.
La deuxième vise à créer une "base de partage des situations de conduite entre constructeurs européens, qui permettrait d’accumuler les kilomètres et nourrir la réglementation en proposition différentes situations de conduites pour tester les véhicules". La dernière recommandation autour du véhicule autonome se veut quant à elle plus prospective. Il s’agirait là d’un partage de technologies entre les acteurs de la filière automobile européenne. "La question est techniquement difficile, mais les constructeurs affichent clairement un intérêt en la matière", veut croire Xavier Mosquet. Des éléments qui pourraient être repris par l’Elysée dans sa stratégie autour du véhicule autonome.
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