5G industrielle, le défi de l’expérience client
Il n’y a plus grand monde à convaincre que la digitalisation permet d’augmenter la productivité et l’efficacité collective, de façon parfois spectaculaire. L’une des conditions nécessaires à une coopération digitale est l’interopérabilité entre les parties prenantes, c’est-à-dire la mise en place d’un langage commun. Une autre, plus terre à terre mais indispensable, est de disposer d’une connexion rapide et fiable pour échanger des informations.
Les sites industriels deviennent des écosystèmes d’objets connectés, interagissant les uns avec les autres, pour gagner en efficacité.
Par objets connectés, on entend tout un aéropage d’équipements qui vont des camions aux convoyeurs, en passant par des chariots élévateurs, des robots, des machines de production ou encore des opérateurs, augmentés. Par exemple, un camion qui fait partie de la logistique entrante ou sortante (voire des deux) d’un site industriel doit pouvoir se connecter automatiquement avec le système d’entreposage/convoyage/préparation/réception de l’installation, récupérer les données permettant d’établir les documents nécessaires (lettre de voiture, bordereaux divers, etc.) et d’organiser la logistique (tournée, ordre de chargement, etc.).
Avec l’avènement de ces objets connectés, le besoin de connexion explose, comme le coût des abonnements auprès des opérateurs télécoms publics, et la dépense d’énergie. Sans compter que dès que la connexion des opérateurs publics est perturbée (sous-sol, zone blanche, interférences), la promesse de gain disparaît, instantanément. Et comme on s’en doute, les sites industriels sont rarement situés au milieu des zones urbaines densément peuplées, lesquelles sont les cibles prioritaires des opérateurs télécoms publics, pour des raisons réglementaires et économiques.
C’est dans ce contexte que fleurissent les offres d’opérateurs de réseaux privés. Ces nouveaux acteurs mettent en place et opèrent des infrastructures de réseau sans fil locales appuyées sur les technologies 5G, tant du point de vue des équipements que des logiciels de gestion des services et d’autorisation des accès aux services.
Nous avons l’expérience des MVNO (Mobile Virtual Network Operator) qui ont bâti leur réputation dans les années 2000 en proposant une expérience client revisitée, pour se différencier des opérateurs à qui ils louent leurs capacités. L’un des services phare des MVNO est le roaming, c’est-à-dire la capacité d’accéder avec un seul abonnement à un grand nombre de réseaux publics : le meilleur à l’endroit où l’on se trouve.
L’histoire se répète car l’un des enjeux majeurs pour les opérateurs de réseau 5G privés est de fournir une capacité à gérer simplement et rapidement les accès, temporaires, mais sécurisés, à l’infrastructure. Cela y compris pour tout objet connecté qui se présente à l’entrée du site. Ce qui implique des processus et des systèmes de gestions adaptés, ainsi que des technologies d’identification sécurisées de tout premier ordre. En plein développement, ces spécialistes des infrastructures locales représentent un nouveau marché important pour les offreurs de technologies d’identification et de sécurité pour les réseaux télécoms.
Topo des expérimentations 5G « Usine du futur »
L’Arcep a ouvert début 2018 un guichet « pilotes 5G ». Depuis, l’autorité de régulation répertorie les expérimentations en cours ou déjà achevées.
Dans les usages expérimentés, on retrouve notamment l’onglet « Usine du futur », au sein duquel 16 projets, la plupart multipartenariaux, sont listés. Les grands opérateurs sont présents (Bouygues, Orange, SFR), des intégrateurs (Nokia, Ericsonn) ainsi que des industriels de premier plan (Airbus, EDF, Schneider, etc.). D’autres entrées peuvent aussi servir aux industriels, que ce soit l’onglet Réalité augmentée ou expérimentations techniques.
La mission 5G industrielle a rendu son rapport
Les déploiements d’usages de la 5G dans l’industrie sont moins nombreux en France que dans d’autres pays et la dynamique d’expérimentations en France doit être amplifiée pour éviter de prendre du retard dans les années à venir. Mais rien n’est catastrophique : c’est le constat de la mission 5G industrielle menée depuis octobre 2021 et qui vient de rendre ses conclusions.
Celle-ci a identifié 7 freins à surmonter, afin de rester dans la course, à savoir :
1. Accès actuel aux fréquences, un frein à l’adoption de la 5G par les industriels,
2. Nécessité d’accélérer le développement de l’écosystème 5G industrielle en France,
3. Insuffisante disponibilité d’équipements et de services adaptés à la 5G industrielle,
4. Besoin de simplifier et rendre plus accessible la 5G industrielle,
5. Difficulté à trouver les bonnes compétences pour déployer la 5G industrielle,
6. Interrogations sanitaires, environnementales et sociétales liées à la 5G industrielle,
7. Manque de visibilité et de maturité des écosystèmes 5G industrielle français et européens, y compris pour la technologie 5G, le Cloud et la cybersécurité.