2013, année miraculeuse pour le nucléaire français

La filière nucléaire tricolore a engrangé pour plus de 30 milliards d'euros de contrats de nouvelles constructions en 2013. Une bouffée d'air bienvenue après 5 ans de disette commerciale.

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2013, année miraculeuse pour le nucléaire français

La vie industrielle est pleine de paradoxes. Entre 2008 et 2012, sous la mandature de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement pro-atome, la filière nucléaire tricolore a connu sa pire disette en matière de contrats de construction. Elle s'est entre-déchirée à travers la guerre EDF-Areva. Elle a connu un retentissant échec à Abu Dhabi face au coréen Kepco en 2009. Elle a abandonné le projet de construction d'un deuxième EPR à Penly. Elle a subi de plein fouet les conséquences de l'accident de Fukushima en 2011.

Sous la mandature de François Hollande et de son gouvernement beaucoup moins favorable à l’atome, le nucléaire français a repris des couleurs. D’excellentes couleurs, même... du moins à l'export. L’année 2013 s’est révélée miraculeuse pour la filière. Elle se conclura en beauté avec la visite en Chine du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, du 5 au 9 décembre prochain, qui passera par les deux EPR en construction à Taishan. Une vitrine de choix pour le réacteur de troisième génération : délais et coûts sont respectés sur le chantier chinois. Le chef du gouvernement va faire avancer les discussions autour de la construction de deux EPR supplémentaires (Taishan 3 & 4) et de la construction par Areva d'une usine de traitement et de recyclage des combustibles usés.

Plus de 30 milliards d'euros de contrats

Depuis 2007, la France n'avait plus vendu un seul réacteur à l'étranger. Beaucoup d'observateurs enterraient déjà le réacteur nucléaire EPR : trop gros, trop cher et trop à la peine sur les chantiers finlandais et français. Une première éclaircie est venue de Turquie en mai. Mené par le japonais MHI, un consortium comprenant entre autres Areva et GDF Suez vend 4 Atmea (réacteur franco-nippon de moyenne puissance) pour la centrale de Sinop pour un montant total de plus de 15 milliards d'euros. En octobre, après des discussions très difficiles, c'est EDF qui s'entend avec Londres pour construire deux EPR à Hinkley Point. Avec 16,5 milliards d'euros, le contrat représente le plus gros investissement au Royaume-Uni depuis la Seconde Guerre mondiale. Enfin, en novembre, Areva décroche au Brésil un contrat de 1,25 milliard d'euros pour terminer la construction du réacteur Angra 3, interrompue il y a trente ans.

Lors de l'élection de François Hollande en 2012, sa promesse de diminuer la part du nucléaire dans le mix énergétique à 50 % en 2025, contre 75 % aujourd'hui, et de fermer les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) inquiétait les tenants français de l'atome. Ils estimaient que si la France faisait preuve de défiance envers ses propres technologies, cela allait grever les chances d'exportation. Invité le mardi 3 décembre au "Mardis de l'avenir" organisés par le président de l'Assemblée Nationale, Luc Oursel, le président du directoire d'Areva, témoigne encore de cette inquiétude : "Quand des pays étrangers achètent des technologies nucléaires françaises, c'est parce que la France est un pays de référence. Pour cela, il faut s'appuyer sur une base nationale forte." Pour sa part, le PDG d'EDF, Henri Proglio, tâche de voir le verre à moitié plein. "Garder 50 % de nucléaire dans la production d'électricité à long terme peut être considéré comme le fait que le pays est fier de son outil électronucléaire". Et d’ajouter : "Ce n'est pas parce que la France change de mix énergétique qu'elle renonce à son expertise nucléaire."

Ludovic Dupin

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